Dans la quête du Canada de devenir une nation carboneutre d’ici 2050, l’élimination des émissions liées aux transports demeure un objectif important. Les transports représentent environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre au Canada. Pour lutter contre les émissions rejetées par les moteurs à combustion, des objectifs ont été fixés pour l’adoption des véhicules électriques au Canada. Dix pour cent des voitures neuves vendues d’ici 2025 seront électriques, et ce chiffre passera à 30 % d’ici 2030 et à 100 % d’ici 2040. Avec la récente des nouvelles que le Québec interdisant la vente de nouveaux véhicules à moteur à combustion d’ici 2035, ces objectifs devront peut-être devenir encore plus agressifs.
Bien que les véhicules électriques soient de plus en plus courants sur les routes du Canada, l'adoption des véhicules électriques au Canada continue de prendre du retard. Contrairement à l'adoption apparemment réticente du Canada par les véhicules électriques, la Norvège semble prête à atteindre les objectifs du gouvernement visant à éliminer progressivement la vente de toutes les nouvelles voitures et véhicules utilitaires légers fonctionnant aux combustibles fossiles d'ici 2025. En septembre 2020, 90% des voitures vendues en Norvège étaient entièrement électriques ou hybrides électriques. Comme le Canada, la Norvège est un important producteur de pétrole et de gaz, et ces deux pays partagent la réputation d'être des endroits froids et « hivernaux ». Alors, que pouvons-nous apprendre de la Norvège sur la façon dont l’adoption des véhicules électriques au Canada pourrait être accrue.
Le moment A-ha
L'histoire d'amour de la Norvège avec les véhicules électriques a commencé au milieu des années 90, lorsqu'un important coup de publicité a attiré l'attention des consommateurs et du gouvernement norvégiens sur les véhicules électriques.
«En 1995, le chanteur du groupe A-ha des années 80 et le chef du groupe environnemental norvégien Bellona sont montés de manière improbable dans une Fiat Panda électrique convertie qu'ils avaient importée de Suisse et sont partis en road trip.
Ils ont fait le tour d'Oslo en refusant de payer les péages routiers exorbitants de la ville, se garant illégalement partout où ils le pouvaient et ignorant tous les avis de pénalité qui leur étaient donnés. Finalement, les autorités ont mis leur voiture en fourrière et l'ont vendue aux enchères pour couvrir les amendes.
Mais le coup a attiré une attention médiatique massive, et le message a été fait valoir. Peu de temps après, les véhicules électriques ont été exemptés des péages routiers, l'une des nombreuses mesures d'incitation qui ont contribué, au fil des années, à faire de la Norvège le pays ayant le plus grand nombre de propriétaires de véhicules électriques par habitant au monde. – "La Norvège et le moment A-ha qui a fait des voitures électriques la réponse" , The Guardian
Incitations pour les conducteurs
Chronologie des incitations norvégiennes aux véhicules électriques (Chelsea Jones, 2020)
La Norvège a commencé avec un solide programme d’incitations fiscales dans les années 1990 pour rendre l’achat de véhicules électriques attrayant pour le conducteur moyen. Par exemple, en Norvège, il n’y a pas de taxes à l’achat ou à l’importation sur les véhicules électriques. D'autres incitations financières comprennent des frais réduits ou nuls pour les routes à péage, un parking et une recharge gratuits dans de nombreuses zones, une réduction de 90 % des taxes routières et une réduction de la taxe sur les voitures de société pour les véhicules électriques.
Cette approche fortement réduite ou exonérée d'impôt adoptée par la Norvège à l'égard des véhicules électriques a joué un rôle important dans l'augmentation du nombre de propriétaires de véhicules électriques dans le pays. Si l’on ajoute aux incitations fiscales accordées à la possession d’un véhicule électrique les remises initiales, « l’achat d’une nouvelle voiture électrique revient plus ou moins au même prix que l’achat d’une belle voiture essence ou diesel maintenant », a déclaré Christiana Bu, secrétaire générale du ministère. Association norvégienne des véhicules électriques, a déclaré au Guardian.
Outre les allégements fiscaux et la réduction des péages routiers, les conducteurs de véhicules électriques en Norvège bénéficient de billets de ferry à prix réduit et peuvent circuler dans des voies réservées aux bus, à condition qu'ils aient également un passager. Les plaques d'immatriculation des véhicules électriques commencent toutes par la lettre E, ce qui permet de voir facilement lesquels de vos amis, voisins et collègues font leur part pour aider la Norvège à atteindre ses objectifs d'élimination des moteurs à combustion.
Mettre l'infrastructure en place
Une variable à ne pas oublier dans l’équation des véhicules électriques est celle de l’infrastructure de recharge. Outre les incitations à conduire un véhicule électrique en Norvège, l'infrastructure nécessaire aux voitures a été efficacement mise en place. La première borne de recharge municipale a été construite à Oslo dès 2008. Sur une période de sept ans, ce nombre est passé à 10 000 bornes de recharge accessibles au public0.
Le gouvernement norvégien a redoublé son engagement à construire une infrastructure pour véhicules électriques en promettant au moins une station de recharge rapide tous les 50 kilomètres sur les principales autoroutes. Aujourd'hui, il y en a plus de 15 000 options de recharge publique. En outre, les municipalités norvégiennes ont accordé des subventions pour accélérer la croissance des options de recharge dans les coopératives de logement, rendant ainsi la recharge à domicile plus facile et plus abordable pour les Norvégiens.
Transports publics et partagés électrisants
Enfin, la Norvège a fait de grands progrès pour aider les transports publics à évoluer vers une mobilité entièrement électrique. La recharge sans fil par induction a été mise à la disposition des taxis en 2018. Avec la recharge sans fil disponible, tous les taxis du pays devraient être électrifiés d'ici 2023. Il s'agit d'une technologie qui a également des applications pour recharge des bus publics dans les villes.
Appliquer les leçons
Le passage de la Norvège au transport électrique est salué comme un énorme succès dans la démarche visant à adopter des technologies de transport plus propres et plus efficaces. Les émissions de gaz du pays en 2020 devraient tomber en dessous des niveaux de 1990, conséquence directe des mesures prises pour électrifier les transports. Même si d’autres pays comme les États-Unis et la Chine progressent en matière de possession de véhicules électriques, la Norvège reste le leader mondial en matière d’adoption de véhicules électriques. De nombreux défis inhérents à l’adoption de nouvelles technologies – auxquels sont confrontés les pays – en termes de coûts et d’infrastructures – ont été surmontés grâce à des stratagèmes fiscaux, des subventions gouvernementales, des coûts globaux de possession plus faibles des véhicules électriques et une population progressiste, prête à assumer le rôle.
De plus, le succès de l’adoption des véhicules électriques ici contribue à apaiser les inquiétudes concernant les batteries dans une géographie rurale et froide. La Norvège est un leader mondial dans l’adoption des véhicules électriques et les mesures qu’elle a prises servent d’exemple au Canada et au reste du monde quant à la transition vers le transport électrique.
Que devrait faire le Canada?
Comment conseillerions-nous aux gouvernements fédéral et provinciaux d’encourager l’adoption des véhicules électriques au Canada ? Voici par où commencer :
- Éliminer, au point de vente, la TPS et la TVP sur les véhicules électriques neufs, loués et d'occasion
- Renforcer le rabais fédéral sur la vente de véhicules électriques neufs et introduire des rabais au niveau provincial
- Permettre aux propriétaires de VE de demander un crédit d’impôt chaque année où leur ménage possède et exploite uniquement un VE
- Supprimer ou réduire les frais d’immatriculation des véhicules électriques pour leur durée de vie
- Exonérer les véhicules électriques de tous les types de péages et frais sur les routes et les ponts, les billets de ferry et les frais de stationnement dans les parkings/structures appartenant à divers niveaux de gouvernement
- Offrir aux propriétaires de VE un crédit d’impôt correspondant à 100 % du coût d’achat et d’installation d’un chargeur de VE à leur résidence principale
- Réduire les taxes que les entreprises paient sur les véhicules électriques de leur flotte d'entreprise et proposer un programme de rachat aux entreprises qui convertissent leur flotte de moteurs à combustion à l'électrique.
- Autoriser les véhicules électriques à circuler dans les couloirs de bus, les couloirs de covoiturage, etc.